jeudi 13 mai 2021

Marc Dufumier - un nouveau chapitre à Bouvard et Pécuchet, par Wackes Seppi

Publié le 11 juin 2012 par Anton Suwalki

Parti à la recherche d'Arrêtons d'avoir peur! de Maurice Tubiana dans une librairie qui n'a pas encore entièrement sacrifié son rayon sciences aux charlataneries des « médecines alternatives », de l'ésotérisme et autre « bien être » ; revenu avec Famine au Sud Malbouffe au Nord de Marc Dufumier (éditions NiL).

Ce n'est qu'une impression, a priori suspecte pour l'esprit scientifique, mais même le rayon sciences semble de plus en plus squatté par l'antiscience, les pseudo-sciences, la science dévoyée et militante, etc.  Arrêtons... avait certes eu l'honneur d'un présentoir, mais avec Famine... en vis-à-vis.

Arrêtons... donna lieu à un moment de joie intense ; c'est un pamphlet d'un nonagénaire qui nous parle avec optimisme du chemin parcouru ces dernières décennies, et surtout de notre avenir (si nous voulons bien arrêter d'avoir peur et d'écouter les marchands d'apocalypse).  Et Famine... à un moment d'intense frustration ; c'est un salmigondis d'un digne représentant de la génération des soixante-huitards pour qui le progrès futur se cherche de préférence dans le rétroviseur.

L'ouvrage (194 pages, plutôt gros caractères, facile à lire car pour grand public) est sous-titré : Comment le bio peut nous sauver.  La quatrième de couverture est plus explicite encore : En 2050, les neuf milliards d'être humains pourront se nourrir... grâce à l'agriculture biologique.  Il faut le croire car celui qui l'affirme n'est pas un doux rêveur, mais professeur émérite en agriculture comparée et développement agricole à l'AgroParistech.

Or, c'est bien ça le problème : le discours n'est pas neuf, mais son auteur peut se prévaloir d'une certaine autorité et influence.

Comment le bio peut nous sauver ? On ne le saura pas ! C'est là l'imposture la plus flagrante.

La première moitié de l'ouvrage (six chapitres sur 10 plus une conclusion) se cantonne à la dénonciation d'un système devenu fou ainsi que des désordres agricoles.  Suivent quatorze pages de technique sous le titre : Cap sur l'agroécologie, une agroécologie définie dans le glossaire comme une... discipline scientifique.  Mais, en guise de technique, il s'agit essentiellement de descriptions pour citadins de l'agroforesterie, de la culture de légumineuses en association ou dans la rotation, et de l'association agriculture-élevage, avec une péroraison sur la nécessité de réorienter la recherche agronomique.  C'est donc une agroécologie qui recycle sous un néologisme ronflant des techniques qui ne datent pas d'hier, et pour lesquelles le mot « agronomie » suffisait largement.

        

Ce chapitre est suivi de belles envolées sur Remettre le paysan au coeur du développement – avec l'inévitable couplet sur le dernier sujet dont on cause, le land grabbing (l'accaparement de terres par des investisseurs étrangers, étatiques ou privés) – et Le libre-échange agricole, c'est le vol.  Un dernier chapitre sur Quel avenir pour nos campagnes et nos agriculteurs préconise l'arrêt de la course au productivisme, un rééquilibrage de l'agriculture française avec des porcs en Beauce et des céréales en Bretagne, plus de luzerne et moins d'algues vertes, le développement des labels et, bien sûr, de la filière bio, etc.

On l'aura compris : tous les poncifs de l'écologisme politique et de l'altermondialisme y passent.

Tout cela mène à une conclusion : En 2050, l'agriculture bio peut (sic) nourrir la planète.  Mais « conclusion » s'entend ici comme l'intitulé du chapitre final choisi par l'auteur, et non comme le dernier terme d'une démonstration.  C'est aussi un chapitre bien franco-français de propagande en faveur de l'agriculture biologique, et de l'AB française bien sûr.

On y apprend tout de même que deux rapports de l'INRA et du CIRAD [1] et de l'IAASTD [2] prouvent que l'agroécologie n'est plus considérée comme une utopie.  Nous voilà bien avancés !  Et encore... le mot agroecology n'apparaît que très marginalement dans le second (aucune analyse particulière de la chose, les 21 occurrences du mot figurant essentiellement dans les références bibliographiques ; nous n'avons pas vérifié pour le premier rapport).  On peut donc raisonnablement s'interroger si l'honnêteté intellectuelle a bien présidé à la rédaction de cette phrase ; ou si l'auteur a bien lu les quelque 600 pages du rapport de l'IAASTD.

Il faut arriver quasiment à la conclusion de la conclusion pour lire que [d]'après un récent rapport des Nations Unies, les formes d'agriculture durable inspirées de l'agroécologie pourraient doubler la production alimentaire des pays du Sud en dix ans.  C'est dire que les formes d'agriculture qui répondent le mieux au cahier des charges de notre agriculture bio seraient parfaitement capables de nourrir l'humanité toute entière (c'est nous qui graissons).  C'est évidemment du fameux rapport d'Olivier De Schutter de 2010 [3] dont il s'agit (rapport qui n'est pas des Nations Unies, les rapporteurs spéciaux étant des personnalités indépendantes n'engageant pas ladite organisation !).  Nous l'avons déjà commenté sur ce site [4].  Manifestement, ces deux phrases – mises au conditionnel de prudence alors que la quatrième de couverture utilise un futur péremptoire (et le titre du chapitre un présent grammaticalement singulier) – s'inspirent davantage du communiqué de presse qui a accompagné le rapport, que du rapport lui-même, bien plus nuancé.  Mais ici aussi, il y a lieu de s'interroger sur l'honnêteté intellectuelle car l'argument est circulaire : M. De Schutter n'a fait que reprendre les thèses des tenants de l'agroécologie ; M Dufumier se prévaut donc de M. De Schutter qui s'est fondé sur M. Dufumier et consorts...

M. Dufumier admet dans cette conclusion que l'agriculture biologique se manifeste chez nous par une baisse relative des rendements à l'hectare.  Cela l'honore car bien des thuriféraires de l'agriculture biologique font dans le déni de réalité.  Mais, selon lui, dans les pays du Sud, les rendements peuvent être accrus sans dommage pour les écosystèmes, pour peu qu'on fournisse à ces paysans quelques moyens rudimentaires : traction animale, charrettes, fumier, plantules, etc.  Étonnante liste, avec du fumier assimilé à des moyens rudimentaires que l'on pourrait fournir, et aussi des « plantules » (ce n'est pas le seul élément de vocabulaire qui fait tiquer) !  Voilà en tout cas la vision à laquelle on est réduit quand on refuse celle d'un développement qui a permis au « Nord » de sortir du spectre de la famine et de la disette.

On l'aura compris : cet ouvrage n'a pas trouvé grâce.

C'est que la thèse doit être rejetée catégoriquement .  Ce n'est pas que l'agroécologie (pour autant que l'on puisse bien définir ce terme sur le plan technique) n'apporte pas d'améliorations, au contraire ; mais il est tout simplement criminel de vouloir détourner les pays en développement et leurs agriculteurs des bienfaits de la mécanisation, des engrais, des produits phytosanitaires, des variétés améliorées, etc.  Les excès auxquels on a pu se livrer dans le Nord (et dans le Sud en relation avec la Révolution Verte) ne justifient pas l'abstinence du Sud.  Et cette agroécologie, et l'idéologie sous-jacente, promue par cet expert auprès de la FAO et de la Banque mondiale, ne saurait remplir les promesses.  Parole, notamment de FAO [5].

Il n'y a pas que la thèse.  La litanie de lieux communs de l'écologisme politique et de l'altermondialisme est lassante.

Par exemple, si l'agroécologie que je défends dans ce livre – l'«agriculture bio » pour dire les choses rapidement – n'a pas plus de succès, c'est la faute des lobbies ; des lobbies du reste omniprésents dans cet ouvrage comme fauteurs d'insuffisances et de difficultés.  Toujours selon la profession de foi donnée en préambule, les politiques agricoles seraient confisquées par des experts – dont il ne serait bien sûr pas – et des lobbies.  La FNSEA n'est pas oubliée ; évidemment puisqu'elle est forcément coresponsable d'une situation que l'auteur déplore.  Du reste, elle est aussi un lobby... ce qui n'est sans nul doute pas le cas de telle autre confédération qui n'est pas évoquée dans l'ouvrage mais vers laquelle va la préférence de l'auteur.

Il faudrait aussi faire fructifier les savoir-faire paysans au lieu de les éradiquer.  Grand dieu ! Éradiquer ! L'agriculture biologique n'est pas un rêve, c'est une pratique où la science et les savoirs ancestraux des paysans se répondent.  En regard, nous avons l'agriculture productiviste, pour laquelle nous avons aussi des savoirs, mais sur les supposées « améliorations ».  Difficile de trouver meilleure preuve de l'aveuglement idéologique.

Un aveuglement confirmé par les raisonnements spécieux, les erreurs et les contrevérités.

Les considérations de l'auteur sur l'« amélioration génétique » – les guillemets de mépris sont les siens – sont un morceau d'anthologie.  Le pendant de ladite « amélioration » est la perte de la biodiversité, avec un article défini qui laisse entendre que tout a été perdu.

L'auteur écrit que [h]ier, nous cultivions deux cents variétés de pommes de terre ; aujourd'hui, nous n'en cultivons plus que cinq.  Mais il ne se rend pas compte que n'importe quel consommateur, ou jardinier amateur, peut vérifier dans un supermarché, ou une jardinerie (à la bonne saison tout de même), que sa deuxième proposition est une ânerie.  En fait, 191 variétés de consommation et 18 variétés féculières sont inscrites au catalogue officiel français (sans compter les autres variétés inscrites au catalogue européen, qui peuvent aussi être commercialisées et cultivées en France).

Pire encore, selon lui, l'amélioration génétique, c'est la sélection dans des stations expérimentales de quelques variétés passe-partout qui vont être inscrites au catalogue officiel du Groupement national interprofessionnel des semences et plants (GNIS) et mises sur le marché.  Mais l'un des premiers scandales de l'agriculture « moderne » est là : avoir confisqué la sélection des semences et par la même avoir réduit le nombre de variétés mises en culture.  Allons au plus simple : le catalogue est tenu par le Ministère de l'agriculture, les variétés étant inscrites sur avis du CTPS émis sur la base d'études du GEVES, le GNIS n'intervenant pas.  En blé tendre d'hiver, 45 variétés ont été inscrites en 2011... c'est ce qu'on doit entendre par « quelques » ; elles ont porté le nombre total de variétés inscrites à 342... c'est ce qu'on doit entendre par « réduire ».  Quant à la confiscation...

Toujours selon lui, tout était rose jusqu'à la fin du XIXe siècle : les agriculteurs sélectionnaient leurs semences et pratiquaient la sélection massale, en prélevant les semences sur les plus beaux plants et les plus beaux épis.  Il va de soi qu'ils sélectionnaient ainsi les variétés de plantes qui présentaient les caractéristiques les plus favorables à leurs intérêts...  Difficile de sélectionner des variétés par cette méthode, à moins de donner au mot variété un sens qu'il n'a pas ou n'a plus.  Difficile de sélectionner au champ, peu avant la récolte, pour des caractères qui ne s'expriment pas ou ne se sont pas exprimés à ce moment là.  Et quand les rendements en blé atteignaient péniblement 13 quintaux à l'hectare en moyenne (avant 1914) et qu'il fallait en prélever deux pour la semence, la sélection était rudement sévère (c'est de l'ironie) ! Et ce n'est pas avec cette méthode que l'on aurait obtenu les blés modernes à paille courte capables de dépasser les 100 quintaux à l'hectare, ni les formes modernes de variétés telles que les hybrides, ni les colzas sans acide érucique, etc.

La mythologie écologiste et altermondialiste est donc déroulée sans esprit critique ; les connaissances de base de l'agronomie, ici de l'amélioration des plantes, sont ignorées.  On pourrait en sourire quand cela est le fait d'un béotien ; avec une pincée d'amertume tout de même car elle séduit une population – et des décideurs politiques – de plus en plus éloignée des réalités de l'agriculture.  Mais ici, il s'agit d'un agronome qui est sorti de la plus prestigieuse école française et qui y a officié.

Même si elle sert à introduire un petit couplet négatif sur la législation sur les semences, la question suivante résume bien la situation : Pourquoi [...] ne pas revenir à la sélection des semences par les agriculteurs eux-mêmes ?

La réponse est donnée plus loin, dans le chapitre sur le mirage des OGM, après un éreintement de la Révolution Verte (la ruine verte...) et, bien sûr, des OGM : ...les paysans du Sud n'ont pas intérêt à entrer dans cette course à l'amélioration variétale – les guillemets ont dû être oubliés ici – qui conduit à terme à ne cultiver qu'un très faible nombre de variétés...  Donc, pour éviter que des variétés supérieures ne supplantent les existantes (et améliorent le sort des paysans)... ne les créons pas !  Au Sud comme au Nord, il faudrait d'ailleurs s'interdire de parler d'« amélioration variétale » dans l'absolu, indépendamment du contexte, à savoir la diversité des conditions agroécologiques et socioéconomiques. Bel homme de paille ! Qui parle d'amélioration dans l'absolu ? Au nom de quoi les généticiens et les agronomes seraient-ils autorisés à dicter ce qui doit être le meilleur ? Encore un homme de paille ! Que dictent-ils ? Quand les obtenteurs mettent chaque année plusieurs dizaines de variétés à la disposition des agriculteurs (et des autres acteurs de la filière agro-alimentaire que l'auteur a oubliés dans son raisonnement), n'est-ce pas pour que ceux-ci puissent choisir – librement – ce qui leur convient ?

Et pourquoi exclure aujourd'hui les agriculteurs de la sélection variétale, apanage dont ils jouissaient depuis naissance de l'agriculture au Néolithique ? En matière agricole, les scientifiques se font trop facilement scientocrates.  Il est temps de redonner du pouvoir aux paysans.  Autres hommes de paille ! Mais qui donc exclut ? Mais qui donc a privé les paysans de pouvoir ?

Manifestement, M. Dufumier rejette la notion de progrès – et le progrès lui-même – induit par la création d'une filière spécialisée des variétés et des semences (en fait par les agriculteurs eux-mêmes : les premiers sélectionneurs étaient des agriculteurs avisés et performants).  De l'obscurantisme à l'état pur.

Dans son chapitre 2, l'auteur se demande : nos agriculteurs sont-ils devenus fous?  Il laisse entendre qu'ils sont devenus irresponsables, au moins en partie, pour attenter comme ils l'ont fait à l'équilibre écologique.

Il y a d'autres formes de folie et d'irresponsabilité.  Et il est urgent de les dénoncer.

Wackes Seppi

____________________

[1]  Agrimonde – Scénarios et défis pour nourrir le monde en 2050, S. Paillard, S. Treyer, B. Dorin, coord., 2010, Éditions Quæ

[2]  Agriculture at a Crossroads, International Assessment of Agricultural Knowledge, Science and Technology for Development,

http://agassessment.org/reports/IAASTD/EN/Agriculture%20at%20a%20Crossroads_Global%20Report%20(English).pdf

[3]  A/HRC/16/49 (20 décembre 2010), Rapport du Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter :

http://www2.ohchr.org/english/issues/food/docs/A.HRC.16.49_fr.pdf

[4]  De Schutter, l'agroécologie et l'imposture politique et médiatique, par Wackes Seppi :

http://imposteurs.over-blog.com/article-de-schutter-l-agroecologie-et-l-imposture-politique-et-mediatique-par-wackes-seppi-80320617.html

[5]  M.Dufumier nous aura au moins épargné la ritournelle de la FAO qui a reconnu que l'agriculture biologique peut nourrir le monde.  Une ritournelle fondée sur un communiqué de presse peu heureux publié à la suite d'une conférence sur l'agriculture biologique tenue à la FAO et dont l'organisateur principal était l'IFOAM (International Federation of Organic Agriculture Movements).  La FAO y a opposé un démenti par la voix de son directeur général, M. Jacques Diouf.  Le constat est sans appel : « ...selon la FAO, compte tenu des données et des modèles concernant la productivité de l’agriculture biologique par comparaison à l’agriculture traditionnelle, le potentiel de l’agriculture biologique n’est pas suffisant, loin s’en faut, pour nourrir le monde. »

http://www.fao.org/newsroom/fr/news/2007/1000726/index.html

Le communiqué de presse précédent :

http://www.fao.org/newsroom/fr/news/2007/1000550/index.html

Le document de base (voir le paragraphe 17) :

ftp://ftp.fao.org/paia/organicag/ofs/OFS-2007-5.pdf

Le rapport sur la conférence (voir le paragraphe 8) :

ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/meeting/012/J9918F.pdf

Publié dans L'écologie scientifique contre les "écologistes"

 

mardi 20 août 2019

La liste noire actualisée des journaux peu rigoureux scientifiquement (France)

Comment aider les citoyens francophones à s'orienter scientifiquement au sein des médias contemporains ? 

En dressant une liste noire, grise, blanche, des entreprises médiatiques sujettes à caution ? Et pour lesquelles on doit redoubler de vigilance et chercher systématiquement une source contradictoire avant de se forger une quelconque opinion ?

Voici cette liste subjective mais qui tentera d'argumenter par des exemples factuels et sourcés.

Bien sûr aucun média n'est à l'abri d'erreurs ponctuelles. Mais quand cela devient presque systématique, il convient de le dénoncer. (La tribune @NoFake_science a d'ailleurs engagé la discussion constructive à ce sujet.)

Bilan - Aout 2019 : 


Liste des sites jugés très rigoureux scientifiquement :

- - #Energie : Blog Le Monde : Science2 (S. Huet)

Liste des journaux papier jugés assez rigoureux scientifiquement :
- La Recherche
- Le Figaro (cliquer ici)
- Le Point

 Liste des journaux papier jugés moyennement rigoureux scientifiquement :
- L'Express
- La Croix

Liste des journaux électroniques jugés assez rigoureux scientifiquement : 
- Atlantico

- Contrepoints (Le pire (souvent) comme le meilleur)

Liste des journaux jugés peu rigoureux scientifiquement : 

1) Journaux papier (par ordre alphabéthique)

- Alternatives Economiques
Réfutation :  #énergie cliquer ici

- Le Monde

- Le Monde diplo

- Le Parisien

- Le Progrès

- Libération

- Nouvel Obs

- Ouest France

- Science et Avenir

- Télérama


2) Journaux électroniques (par ordre alphabéthique)

#HuffingtonPost
Cliquer ici

#JDLE Journal de l'Environnement
#Réfutations
https://observatoiremediasenergie.wordpress.com/?s=JDLE
 
#médiapart
https://ideesrecuessurlenergie.wordpress.com/2018/01/24/fessenheim-acharnement-politico-mediapartique/
https://ideesrecuessurlenergie.wordpress.com/2019/05/11/mediapart-est-au-dessous-de-la-realite-dans-electricite-vers-le-transfert-de-la-rente-nucleaire-publique-au-prive/

#politis
<à compléter>

#revolution-energetique
Exemple : 
https://www.revolution-energetique.com/les-energies-renouvelables-intermittentes-ne-perturbent-pas-les-reseaux/
Réfutation : 
https://ideesrecuessurlenergie.wordpress.com/2019/08/19/les-enr-intermittentes-ne-perturbent-pas-les-reseaux-puisquon-doit-savoir-les-faire-disparaitre/

#usbeketrica
Exemple :
https://usbeketrica.com/article/agriculture-intensive-menace-securite-alimentaireRéfutation :<à compléter>


Liste des radios et télévisions jugées peu rigoureuses scientifiquement :
- Radio France (cliquer ici)
- France Television- Arte
- BFMTV
- I-télé


Liste des radios et télévisions jugées moyennement rigoureuses scientifiquement : 
Euro news
Europe 1
France 24
LCI
RMC
RTL

Sources expliquant les causes de ces dérives : 
<à compléter>

Tweets en relation avec le sujet :
- Le Vadémécum donne dix recettes pour la composition d'informations tendancieuses.
https://twitter.com/NonScientifique/status/1035178942959902721

- C'était mieux avant ? cliquer ici

samedi 10 novembre 2018

Bio, cancer et rigorisme scientifique

Chronique du 7 novembre 2018

"Un peu de science ça peut pas faire de mal"

Par Jacques Treiner (physicien, président du comité d'experts du Shift Project")
http://www.judaiquesfm.com/animateurs/112/treiner-jacques.html

(dépublié)

Verbatim :

Bonjour,

Vous avez peut-être suivi dans votre journal préféré le bout de polémique déclenché par la publication d’un article scientifique intitulé : Association de la consommation de nourriture organique avec le risque de cancer.  Cet article a été publié le 22 octobre dans le très sérieux JAMA, le journal de l’association américaine de médecine. Il s’agit des résultats du suivi, entre 2009 et 2016, d’une cohorte de près de 70 000 français, volontaires, dont 78 % de femmes et 22 % d’hommes, d’âge moyen 44 ans, selon leur déclaration de consommation de nourriture bio : beaucoup, modérément ou pas du tout. Pendant la période, 1340 cancers apparurent, dont 459 cancers du sein, 180 cancers de la prostate, 135 cancers de la peau, 99 cancers colorectaux, 47 lymphomes non-hodgekiniens et 15 autres lymphomes. L’étude, qui précise que ses résultats demandent confirmation, indique une diminution moyenne de 25 % du risque de cancer associée à la consommation de nourriture bio, l’effet le plus marquant concernant le lymphome non-hodgekinien, le LNH, un cancer du système lymphatique, pour lesquels une diminution de 76 % est observée.  Le Monde a rendu compte de cette publication, en la rehaussant de titres et intertitres comme « L’alimentation bio réduit significativement les risques de cancer », une « démonstration inédite », un « faisceau de preuves déjà important », et quelques remarques sur les biais possibles de l’étude, jugés peu importants.

En fait, comme on va le voir, les biais sont nombreux et non contrôlés, et surtout, les résultats ne correspondent pas à ceux d’une autre étude de 2014, publiée dans la non moins prestigieuse revue Nature, relative au suivi pendant 9 ans d’une cohorte de plus de 600 000 femmes (dix fois plus que la cohorte française, mais anglaise, cette fois), qui concluait à l’absence de lien entre consommation bio et incidence de cancer, toutes formes confondues, avec cependant, une diminution du LNH de 21 % demandant confirmation. Stéphane Foucart, l’auteur de l’article du Monde, a donc reçu une volée de critiques auxquelles il a répondu globalement par un autre article, où il développe l’idée que, citation, « en matière de santé publique, le rigorisme scientifique est une posture dangereuse ». Il explique : « Sur certaines questions, la preuve parfaite ne pourra jamais être obtenue », et il poursuit : « A regarder rétrospectivement les grands scandales sanitaires ou environnementaux, on observe que, presque toujours, signaux d’alerte et éléments de preuve étaient disponibles de longue date, mais qu’ils sont demeurés ignorés sous le confortable prétexte de l’exigence de rigueur, toujours libellée sous ce slogan : « Il faut faire plus de recherches. La probabilité est forte que ce soit ici, à nouveau, le cas. »

C’est parce que je suis d’un avis contraire que j’ai eu envie de vous entretenir du sujet aujourd’hui.
Les biais, d’abord.
L’étude ne concerne pas des personnes prises au hasard, mais des volontaires. Difficile de deviner dans quel sens cela joue, mais en tout cas ce n’est pas conforme à la pratique recommandée pour une étude de cette nature.
Plus étrange : au cours des 7 années de suivi, aucun cancer du poumon ne s’est déclenché, alors que c’est le second plus fréquent chez l’homme et le troisième chez la femme. Compte tenu de la fréquence de ce cancer et de la taille de la cohorte, on pouvait s’attendre à 150 cancers du poumon. En revanche, on pouvait s’attendre à environ 700 cancers du sein, alors qu’il ne s’en est déclenché que 459. Cela peut peut-être s’expliquer en partie par l’âge moyen de la cohorte, 44 ans, et la durée restreinte du suivi, 7 ans, mais cela indique en tout cas que les chiffres associés à un échantillonnage donné sont toujours sujets à variation. Ainsi, le nombre de LNH en France est de 2000 cas par an. Pour 70 000 personnes pendant 7 ans, on pouvait s’attendre à 15 cas, alors qu’on en a observé 47 ! Est-ce normal ? Eh bien oui, cela porte le doux nom mathématique fluctuation d’une variable aléatoire. Cette fluctuation est, en pourcentage, d’autant plus grande que le nombre de réalisations est petit. Si vous jouez à pile et face, en 4 lancers, vous n’obtiendrez pas 2 piles et 2 faces à tous les coups, vous pourrez très bien obtenir 3 piles et 1 face,  ce qui représente une fluctuation de 2 sur 4, soit 50 %. Sur 10 lancers, vous pourrez très bien obtenir 7 piles et 3 faces, ce qui représente une fluctuation de 40 %. Et sur 100 lancers, on peut très bien obtenir 40 piles et 60 faces, soit une fluctuation encore de 20 %. Or les 47 cas observés de LNH se répartissent entre les consommateurs de bio, les occasionnels et les non consommateurs. Donc les chiffres de chaque catégorie sont encore plus petits. Lorsqu’on annonce que la diminution du nombre de LNH est de 76 %, on a l’impression d’une grande précision dans le résultat. Mais on ne peut déduire de l’observation aucun lien de cause à effet, car elle porte sur un si petit nombre de cas qu’il s’agit sans doute simplement d’une fluctuation statistique. Rendez-vous compte : 47 cas sur un suivi de 70000 personnes pendant 7 ans, soit 490000 cas possibles.
Ainsi, lorsque le journaliste affirme qu’en matière de santé un rigorisme scientifique est une posture dangereuse, il confond deux choses : la recherche de certitude et la rigueur scientifique. La science ne fournit pas de certitude, l’incertitude est inévitable dans les sciences expérimentales, notamment dans les sciences du vivant, mais il s’agit d’une incertitude fiable, et d’autant plus fiable qu’elle résulte d’une procédure rigoureuse.
Il est vrai que la recherche forcenée de certitude est la marque d’une résistance à toute action. Les marchands de doute ont utilisé la tactique dénoncée par Foucart dans le cas des liens entre tabagisme et cancer du poumon, entre pluies acides et émissions de soufre des centrales à charbon, entre trou d’ozone et utilisation de gaz de propulsion chlorés, et même entre changement climatique et émissions de gaz à effet de serre. Mais les éléments de preuve étaient bien mieux établis que les effets présumés de la consommation de nourriture bio aujourd’hui. Rien, absolument rien n’indique qu’on soit à la veille d’un scandale sanitaire ! On a connu Stéphane Foucart mieux inspiré.
Il est parfaitement légitime de vouloir consommer de la nourriture bio, ne serait-ce que parce qu’on a le sentiment qu’elle est souvent produite dans des fermes plus petites, pratiquant les circuits courts, mieux identifiés etc. Mais le faire au nom d’une vision déformée et déformante de la science, c’est peut-être bon pour l’idéologie, mais ce n’est pas bon pour la science, qui est, comme disait Feynman, le seul outil dont nous disposions pour ne pas nous tromper nous-mêmes, et dont il convient par conséquent de préserver le tranchant.
    
Bonne quinzaine !

dimanche 28 octobre 2018

Trop de "rigorisme scientifique" ? Le paradigme Foucart, dérive moderne.


Que penser du nième article de Stephan Foucart ci dessous ?

https://mobile.lemonde.fr/idees/article/2018/10/27/en-matiere-de-sante-publique-le-rigorisme-scientifique-est-une-posture-dangereuse_5375460_3232.html

Sur le bio, il faut comprendre que de 
nombreux scientifiques cherchent à démontrer ses avantages. En France, 
c'est en particulier le cas de certaines personnes de l'INRA. Il semble 
que l'INRA est depuis assez longtemps très impliquée dans cette "fake 
research", et cette "normalisation" (à la Tchécoslovaque) est un long 
processus. Un exemple est la nomination de son dernier directeur, Philippe Mauguin, ex chef de cabinet du Ministre de l'agriculture Le Foll, qui n'avait aucune expérience de 
la recherche agronomique, tout X qu'il fût.
(Il en est de même de l'AG du CEA. En 
fait, ce sont des nominations politiques qui font bien peu de cas de 
l'expertise scientifique...)
Un autre aspect est que l'INRA 
ne fait AUCUNE recherche sur les OGM, et qu'ils ont développé une recherche sur "l'agroécologie" qui combine de manière opportune la prétention à rester dans l'agronomie tout en suivant la mode écolo. Le dernier avatar a été d'inviter José Bové à faire une conférence "scientifique".

L'article cité par Foucart fait l'objet de critiques que l'on trouve par 
exemple:

http://seppi.over-blog.com/2018/10/consommation-de-produits-biologiques-et-cancer.html

cet article est critiqué, et l'INRA avec:

http://seppi.over-blog.com/2018/10/alimentation-bio-et-25-de-cancers-science-a-objectif-socio-politique.html

https://jeanyvesnau.com/2018/10/22/cancers-et-aliments-biologiques-le-derangeant-communique-de-linstitut-de-la-recherche-agronomique/

Par exemple on trouve une critique des auteurs de cet article cité par 
Foucart:

http://seppi.over-blog.com/2018/10/produits-bio-joie-de-vivre-eclat-de-rire-et-coup-de-colere.html

Ce n'est pas le même article, mais ça montre de quel bois se chauffe
cette fine équipe...

On a aussi une étude britannique sur un beaucoup plus grand nombre de
personnes qui ne confirme absolument pas les résultats de l'INRA:

https://www.pourquoidocteur.fr/Mieux-Vivre/27257-Alimentation-bio-est-ce-reduit-vraiment-risque-cancers

l'article (en Anglais):
https://www.nature.com/articles/bjc2014148
dont la conclusion est explicite:

"In this large prospective study there was little or no decrease in the
incidence of cancer associated with consumption of organic food, except
possibly for non-Hodgkin lymphoma."

On ajoutera une critique d'un article médiatisé d'une autre équipe de
l'INRA, ce qui semble montrer que cet institut est dangereusement vérolé:

http://seppi.over-blog.com/2018/07/souris-cocktail-de-pesticides-et-obesite-encore-une-instrumentalisation-sociopolitique.html

Plus prosaiquement, j'ai tendance à penser que ce milieu de chercheurs ne 
sait pas séparer sérieux scientifique et idéologie. Ce pourrait être ce 
que "in fine" l'article de Foucart cité démontrerait. Un autre aspect est que ce type de recherche "appliquée" a besoin de financements, elle doit donc trouver des ressources là où il y en a. Comme pour les labos Allemands qui ne trouvent des ressources qu'auprès des financeurs 
écolos, et qui ne publient que sur les renouvelables, ces équipes de l'INRA ne peuvent survivre qu'en pondant ce genre d'étude.

Les papiers en discussion :

-le papier sur les effets des pesticides:
https://ehp.niehs.nih.gov/doi/10.1289/EHP2877

-le papier sur le cancer et alimentation bio:
https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2707948

samedi 27 octobre 2018

Artemisia : Arte encourage des malversations pseudo-caritatives

Combien de dons suite à cette émission ?

https://twitter.com/qffwffq/status/1055458769407217664?s=19

Bonjour @28minutes

Si vous étiez journalistes, vous sauriez que l'OMS (une institution je crois) a inscrit depuis 2013 l'ARTESUNATE sur la liste des médicaments essentiels. Pour 43 cents (prix OMS) vous pouvez l'utiliser à dose efficace sans les effets neurotoxiques de la plante https://t.co/uMFSo65eGh

"🌱 En tisane, l'Artemisia guérit du paludisme.
Mais pour les institutions "c’est trop simple une plante qui soigne une maladie grave."
👉 https://t.co/l832xW6XjT @ArtemisiaMaison #28min https://t.co/tEC2dCpL2i "

Mais continuons voulez-vous à faire le travail que vous n'avez pas fait. Il faut 450 mg d'artesumate pour guérir un adulte de 60kg. Pour obtenir cette quantité à partir de la plante il faut plusieurs kilogrammes de plantes fraîches.

Ça fait une grosse tisane.

Et c'est pas une plante qui pousse en quantités impressionnantes.

Et cela coûte à peu près 400 dollars le kilogramme. Par contre la forme semi synthétique permet de faire chuter les prix.

Mais votre super experte complotiste dit quelque chose d'encore plus idiot

Voyez-vous la nature est bien faite. Elle nous permet de nous adapter à notre environnement.

Malheureusement, la nature nous aime autant qu'elle aime le parasite du paludisme

Du coup lui aussi s'adapte.

C'est pour ça que l'ARTESUNATE ne doit pas être utilisé seul mais en association avec des antipaludéens classiques. Pour ne pas l'avoir fait, des cas de résistance sont maintenant signalés dans le sud-est asiatiques.

Bref, chers @28minutes il y a autant de journalisme et d'éthique dans votre reportage, qu'il y a de solutions miracles pour soigner les maladies graves.

Point bonus (que l'on pourrait aussi appeler point d'éthique appliquée).

Voilà qui est votre invitée.

Notez que cette sympathique personne demande des dons pour payer ses délires.

100€ pour des graines
2000€ pour une formation
5000€ pour un jardin
20000€ pour... Elle. https://t.co/XlrZcdFLzZ

Est-ce beaucoup ? Je ne vais pas vous noyer sous les chiffres, vous avez l'air fâchés avec. Mais voilà combien de gens (des enfants principalement) pourraient ne pas mourir en 2018 du paludisme avec les mêmes fonds :
- 220
- 4 450
- 11 200
Et pour le prix de sa boutique
- 44 500

J'espère que vous êtes sereins quand vous regardez ce que vous êtes prêts à faire pour faire de l'audience.

jeudi 1 mars 2018

Mediapart, journal relativiste, connait mal la radioactivité

https://www.mediapart.fr/journal/france/010318/chez-orange-le-silence-sur-la-radioactivite-provoque-une-vague-de-cancers

La CRIIRAD joue encore les marchands de peur sur la question des parasurtenseurs radioactifs de France Telecom. Des activités de quelques dizaines de milliers de Becquerel ont été mesurées dans les fûts de stockage : OK.  Mais vous savez pertinemment que ces grands  chiffres sont en fait petits : votre propre activité n'approche-telle pas les 10000 Becquerels ?

Par ailleurs, à l'ouverture du fût, la dilution dans l'atmosphère est très rapide car la loi de pression atmosphérique est en exp(-mgz/kT). Autrement dit, l'épaisseur d'une atmosphère de radon n'est que 7 fois plus mince que celle de l'atmosphère d'azote/oxygène qui nous entoure car 7 est le rapport des masses entre la molécule ou atome de radon et celle de la molécule d'azote.
La seule recommandation éventuellement raisonnable pour les intervenants serait de leur demander d'aérer le local avec un ventilateur afin d'accélérer la dilution. Pourquoi vouloir faire peur et rendre malade de peur? C'est indigne de la CRIIRAD. 

L'étude INSERM.
http://www.irsn.fr/fr/actualites_presse/actualites/documents/irsn_rapport-parasurtenseurs-france-telecom_drph-2010-07.pdf

D'après Wikipedia, on a 28,7% de chance de mourir d'un cancer.  Par ailleurs, si, pour cette mortalité par cancer, il y avait corrélation avec le radon, il y aurait un très important surplus de cancers du poumons. 

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Les cancers dont on y parle sont dans l'ordre d'apparition dans le texte : 

- un cancer de la thyroïde : je ne vois pas le rapport entre ce cancer et les éléments des parafoudres (il n'y a pas d'iode dans les parafoudres) et il est pourtant décompté dans les victimes.  

- 12 cancers dont 5 retraités (on a 29% de chance de mourir d'un cancer: donc l'âge et le mode de vie (tabac ?) des victimes est un élément important qu'on ne connait pas)

- les cancers touchent thyroïde, os, cerveau, poumon, sein, vessie, prostate, dont il est dit qu'ils sont sensibles aux rayonnements. Cette liste ne se superpose pas, à ma connaissance, à celle des organes les plus sensibles qui sont plutôt la moelle, le colon, les poumons, l'estomac, le sein, les gonades. 

- Il y a par contre une dizaine de cancers du sein en 98 à la Croix Rousse : c'est beaucoup et ce point peut être problématique mais rien n'est dit sur le nombre total de femmes travaillant sur ce site, et sur les autres conditions de travail comme la manipulation de solvants ? 

- La cohorte principale est celle des 1 650 lignards morts entre 70 et 96 sur 34 305 personnes. Cela fait 1,8 décès /1000/an alors que le pourcentage moyen de décès par cancer dans le monde est de 1,59/1000/an pour les hommes et 0,79/1000/an pour les femmes. Il y a donc un surplus net mais pour aller plus loin, il faudrait avoir les pyramides des âges et la liste des autres facteurs pouvant induire un cancer (tabac et alcool en particulier; il est précisé dans l'article que ces causes ne peuvent pas être la seule raison du surplus, comme si elle en expliquait une partie). 

- On parle ensuite de 29 cancers à Béziers et Bédarieux mais on ne connait pas l'effectif total et cette donnée ne permet encore une fois de rien conclure.

La suite de l'article est plus technique : par exemple, les personnels auraient reçu 21 mSv annuels à la peau et 44 mSv/an au corps entier. Sur 5 ans, ils auraient reçu 221mSv. Ces chiffres sont-ils vrais ? On peut en douter mais dans ce cas il suffisait d'aérer les locaux pour en échapper; pourtant ils étaient alertés. Certains cas précis n'ont aucune valeur statistique (un seul cas) et j'ai du mal à croire que ce qu'affirme Médiapart soit vrai. 

Le passage sur la concentration dans les fûts ne me fait pas changer d'avis sur le fait que, s'il y a problème, il n'est pas à ce niveau. Médiapart dénonce le fait que les fûts soient stockés dans un simple abri de jardin. J'ajouterai que j'espère que cet abri était "à tout vent" car c'était la meilleure protection à faire.

Ce rapport de l'IRSN est clair et dissipe les doutes que Mediapart et la CRIIRAD cherchent à faire passer dans les esprits en n'hésitant pas à tout biaiser pour faire le buzz...

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Commentaire ajouté le 6/03/2018 :

Un cancer est toujours un drame, et on connu le cas de cancers du poumon que certains travailleurs du CEA, gros fumeurs, attribuaient à leur travail sous rayonnement, vitupérant l'employeur qui accusait leurs "innocentes habitudes". Le syndicaliste est alors un peu désarmé pour les défendre, et pas étonnant qu'il y ait des recherches actuellement pour tenter d'identifier des caractéristiques des cancers radio-induits... Car aujourd'hui personne ne peut effectivement le prouver.

Après, il y a des tribunaux (celui de Clermont-Ferrand pour le cas cité du cancer de la thyroïde attribué par ce tribunal au travail à Orange ; il semble que c'est lui aussi qui avait reconnu le caractère radio induit du cancer d'un ex dirigeant du CEA, qui n'avait pourtant pas dû fréquenter longtemps les labos) qui donnent des avis sans trop savoir, mais pour aider le malade ...

Il me semble quand même étonnant, à lire le rapport IRSN, qu'Orange ait attendu 2010 pour se poser la question d'une nocivité, et que des précautions toutes simples (éviter d'accumuler des produits radioactifs dans les poches, par exemple... Cas d'un scénario...) n'aient pas été mises en œuvre.

Mais aussi que jamais les travailleurs concernés n'aient été classés travailleurs sous rayonnement, car même si les doses annoncées (dans des hypothèses assez conservatives) dépassent les 1mSv/an du public, elles n'atteignent pas les 20mSv/an autorisés pour les travailleurs.



mardi 19 décembre 2017

A-t-on le droit de douter de la cause anthropique du réchauffement climatique


Encore un article à moitié douteux.

https://www.contrepoints.org/2017/12/15/305530-parlons-climat-iii-pognon-giec-politiques-publiques

Un mot sur le doute scientifique, pour éviter tout faux débat.

Un doute scientifique doit être circonstancié : "je doute de telle explication PARCE QUE ceci ou cela". Ca ne peut pas être juste : "je doute de telle explication". A l'appui de son "doute", Courtillot montre les courbes de températures et de concentration obtenues à partir des carottes de glace antarctique. Autrement dit, son propos est : "je doute de l'effet de serre à cause des cycles de Milankovich". Le "logique" qu'il nous propose est donc : "le CO2 ne peut être une cause première car lors des cycles glaciaire/interglaciaire, c'est la modification de l'insolation qui est la cause première". Absurde, non ? Ce qu'il lui faudrait faire, c'est expliquer pourquoi l'augmentation du CO2 ne produit pas de déséquilibre radiatif, autrement dit pourquoi la théorie de l'effet de serre est une théorie fausse. Mais comme il ne peut pas le faire, il glisse en contrebande - en se parant de la parure du doute scientifique - un argument qui n'est qu'une erreur logique élémentaire. Il sait très bien ce qu'il fait, c'est un filou.

En fait, ce que montrent ces courbes, c'est que lorsque la température augmente, le CO2 augmente aussi. Pourquoi ? Parce l'équilibre CO2 atmosphérique/CO2 dissout se déplace vers CO2 atmosphérique : les océans dégazent, toutes choses égales par ailleurs. Très intéressant ! Car cela pointe vers une rétroaction positive dans le contexte d'aujourd'hui : le CO2 induit une augmentation de température par effet de serre, et le puits océanique devient moins efficace qu'il ne serait sans ce dégazage. Son "argument" se retourne comme une crêpe. 

L'absence de critique scientifique de l'effet de serre constitue le point aveugle de son développement